En longeant la rivière d’Etel à la sortie de la commune de Plouhinec, se trouve le cimetière marin du Magouër. Face au port d’Etel, à proximité d’un chantier naval, on peut voir quelques coques de vieux thoniers gisant sur leur flanc. Elles sont là échouées sur un banc de sable et marquent, de leur empreinte et de leur carcasse, le souvenir d’une époque prospère révolue. Malgré les épreuves du temps, des embruns, de la marée et des tempêtes, les étraves se pointent encore fièrement face à la mer. Leur structure squelettique encore présente, d’une pure beauté graphique, évoque tout le savoir-faire des charpentiers marins bretons qui officiaient ici à Plouhinec. Avant la guerre 39-45, la flotte de thoniers comptait jusqu’à deux-cent-cinquante bateaux. C’était l’époque de la pêche à la voile quand les équipages partaient dans le golfe de Gascogne pêcher le germon, un thon blanc d’un mètre de longueur et de vingt-cinq kilos. Après-guerre, des chalutiers plus modernes ont remplacé les anciens voiliers, mais peinent à franchir la barre d’Etel. Ils préfèrent alors le port de Lorient, accélérant le déclin d’Etel qui se reconvertit en port de plaisance. Les épaves des thoniers font donc désormais partie du patrimoine nautique de l'estuaire de l’Etel, et sont les seuls vestiges encore visibles témoignant d’un passé marin héroïque. Pour ce devoir de mémoire, espérons qu’ils ne disparaissent pas avec le temps.