Le Français a la réputation d’être un râleur. Et bien sûr, un râleur ça s’exprime en public, plutôt fortement, et ça défile dans la rue. La propension à manifester est inscrite dans nos gènes : sanguinaire lors de la révolution de 1789 et la commune de Paris, revendicatrice et solidaire pendant le Front Populaire de 1936 ou mai 68, joyeuse pour la libération de Paris ou la victoire de la coupe du Monde de football en 1998. La passion pour les défilés de luttes de classe s’est un peu étiolée, mais la volonté d’exprimer ses opinions dans la rue est toujours là. Même quand des groupuscules d’extrême-gauche violents gâchent la fête, il y a toujours le sacrosaint défilé de la Fête du Travail, festif et familial, où on y va un peu comme au spectacle, pour y croiser des figures de la lutte sociale, syndicalistes engagés ou militants passionnés. Et puis, il y a ces manifestations à l’initiative du peuple, du vrai, pas celui des syndicats ou des partis politiques, qui défendent les valeurs de la République, comme celle du 11 janvier 2015 en l’honneur de Charlie Hebdo. Ce dimanche, à la face du monde entier, le peuple parisien est sorti en masse dans la rue faisant fi de l’état d’urgence, afin de crier son rejet de l’obscurantisme, défendre la liberté d’expression et le vivre ensemble. Alors, oui le Français est râleur ! Oui le Français est contestataire !  Oui le Français est insubordonné ! Oui le Français est rebelle ! Oui le Français est dissipé ! Mais debout, il a le droit de l’être et l’exprime. C’est ce qu’on appelle la démocratie. Pourvu que ça dure.