FRANK HORVAT
- Eric Poulhe
- 14 mai 2021
- 3 min de lecture
VINCENNES IMAGES FESTIVAL
11 mai 2021 – 30 mai 2021
L’exceptionnelle exposition inédite dédiée à Frank Horvat qui se tiendra dans les rues de Vincennes en extérieur et en accès libre du 11 au 30 mai 2021 se veut un hommage à la hauteur de ce photographe unique qui nous a quittés en octobre dernier après avoir marqué son art pendant plus d’un demi-siècle.
5 séries et une rétrospective, réparties dans divers lieux de la ville rendront compte de la variété des thèmes captés par son regard iconoclaste : La mode, Le tour du monde, Les arbres, New York et La Véronique.
Avec la collaboration de sa fille Fiammeta, ce sont plus de 150 photos qui seront présentées en grand format afin que chacun puisse découvrir ou redécouvrir les univers de Frank Horvat, le photographe de la “non-directivité”.
Cette exposition se veut également interactive, complétée de textes explicatifs, extraits d’interviews et de QR code afin d’accéder en exclusivité à des audios de Frank Horvat ainsi que des morceaux choisis de son autobiographie.
VIF
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
En cette période de restriction sanitaire et de fermeture des galeries, c’est un réel plaisir de pouvoir assister à une exposition photographique en plein air de cette qualité. Pour sa quatrième édition, le Vincennes Image Festival a tenu à maintenir les expositions extérieures avec plus de 150 tirages qui rendent hommage au photographe Frank Horvat, disparu en octobre 2020 à l’âge de 92 ans. Avec une rétrospective de 70 ans de photographies directement exposées à la sortie de la station du RER, cinq autres thématiques sont présentées dans des espaces du centre-ville et de l’Hôtel de Ville : côté mode, tour du monde, New York Up and Down, La véronique, arbres.
Photojournaliste à ses débuts dans les années 1950, Frank Horvat s’est fait reconnaitre par la suite dans le milieu de la mode. Il ne connaissait rien à ce monde et ne savait utiliser qu’un boitier 24x36. Quand il se présenta en 1956 à Jacques Moutin, directeur artistique du Jardin des Modes, celui-ci lui dit : « Du 24x36 en mode, ça ne s’est jamais vu. L’imprimeur va râler. Qu’il râle, tu peux commencer demain. » Aux images léchées et conformistes de l’époque, Frank Horvat souhaite placer ses modèles en décors naturels, sans artifices ni sophistication, au milieu d’anonymes qui serviront de figurants, d’où l’intérêt de disposer d’un appareil léger et maniable. Avec cette approche, il fut précurseur et montra la voie à d’autres photographes.
Entre 1962 et 1963, il revient à ses premières amours en recevant une commande de rêve du magazine Revue pour le public allemand. Il s’agissait de 12 reportages sur 12 villes différentes, un voyage de huit mois sur tous les continents notamment au Caire, à Calcutta, à Sydney, à New York ou Los Angeles.
Dans les années 1980, Frank revient à New York et s’essaye à la couleur, non pas comme une rupture avec le noir et blanc, mais pour déjouer la nostalgie et éviter le « déjà vu ». Les images sont flagrantes de réalisme et d’authenticité, prises au hasard de ses déambulation dans les rues de Manhattan, avec la plupart du temps le consentement de ses figurants.
Son dernier projet photographique, réalisé entre 2002 et 2003, porte le nom de sa maison de Provence qui est aussi le nom de sa compagne Véronique. Toutes les photos ont été réalisées à l’intérieur de la maison ou dans un rayon de 50 mètres, un choix délibéré conceptuel l’obligeant à regarder ce qui l’entoure au quotidien avec beaucoup d’affection et de tendresse, comme pour imprimer un souvenir indélébile de cet environnement familier qu’il aimait. Les clichés ont été réalisés en numérique pour mieux saisir les écarts entre les hautes lumières et les ombres qui sont effectivement très présents dans ces images.
La mise en scène de l’exposition est particulièrement bien réussie. Elle attire le visiteur ou le simple passant qui ne peut faire autrement que de voir les images qui lui sont présentées : en se faufilant au milieu des panneaux de la place Pierre Sémard à la sortie de la station de RER, en levant les yeux vers les tirages sur toile tendus au-dessus de la rue marchande du Midi, en découvrant les panneaux placés au milieu de la végétation du square des Frères Hautière, ou en flânant autour de l’Hôtel de Ville.
Cette exposition est vraiment une réussite et mérite le détour.
E.P.






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