FRANÇOISE HUGUIER ▪ L’AFRIQUE ET ELLE
- Eric Poulhe
- 13 juin
- 2 min de lecture
POLKA GALERIE, PARIS
28 mai 2025 – 26 juillet 2025

À l’occasion de la publication de son ouvrage Afrique émoi (Éditions Odyssée, 2025), Françoise Huguier revient sur plus de vingt années de travail photographique en Afrique subsaharienne. L’exposition L’Afrique en pose présente une sélection inédite de portraits réalisés dans plusieurs capitales africaines francophones, de Dakar à Maputo, en passant par Bamako, Brazzaville ou Ouagadougou, et met en lumière un axe structurant de son œuvre : la représentation de l’intime à travers l’espace domestique.
Photographe reconnue pour son approche documentaire rigoureuse et son engagement de terrain, Françoise Huguier développe, dès les années 1990, une démarche patiente et immersive. En 1994, elle joue un rôle décisif dans la création des Rencontres de Bamako, première biennale africaine de photographie. C’est à cette occasion qu’elle contribue à faire découvrir, sur la scène internationale, les œuvres de Malick Sidibé et Seydou Keïta, aujourd’hui figures majeures de l’histoire de la photographie africaine.
Ni strictement documentaire, ni purement scénographiée, sa pratique s’inscrit dans un entre-deux : celui du studio improvisé dans des intérieurs privés — chambres, salons, appartements. L’espace habité devient décor, prolongement de la personne, support d’un récit visuel singulier. « Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont les gens s’approprient leur espace. L’intérieur est un autoportrait silencieux », souligne-t-elle.
Dans cette attention portée à la pose et à la composition, on retrouve l’influence des studios africains, mais avec une approche résolument personnelle : ici, aucun fond neutre, mais l’environnement réel, investi au quotidien, qui situe le portrait.
La mise en scène assumée des sujets, le soin accordé aux tenues et aux gestes traduisent une volonté d’affirmation de soi. L’intérêt de Françoise Huguier pour la mode, déjà présent dans Secrètes (Gallimard, 2005), irrigue ces images. Il ne s’agit pas de la mode des podiums, mais de celle du quotidien : vêtements choisis, bijoux, postures — autant d’éléments participant à une expression identitaire.
À travers ces portraits, L’Afrique en pose donne à voir une Afrique urbaine contemporaine, traversée par des subjectivités fortes. Ce travail visuel, à la fois social et poétique, constitue un contrechamp aux représentations dominantes du continent. Il s’inscrit dans une tradition humaniste, enrichie par un regard féministe et une sensibilité ethnographique.
« Je ne cherche pas à montrer l’Afrique, mais des personnes dans leurs mondes », précise l’artiste. Une démarche qui résume la singularité de cette œuvre.
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