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JUDITH JOY ROSS ▪ PHOTOGRAPHIES 1978-2015

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 15 juil. 2022
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 juin 2023

LE BAL, PARIS

16 mars 2022 – 18 septembre 2022

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Le BAL présente le travail photographique de l’artiste américaine, Judith Joy Ross, figure majeure de la photographie contemporaine connue dans le monde entier pour ses portraits.

Reconnue comme l’une des plus grandes portraitistes de son temps, Judith Joy Ross (née en 1946 à Hazleton) est d’abord et avant tout une artiste dotée d’une intuition rare. Depuis le milieu des années 1970, grâce à l’usage de chambres photographiques et par la pratique du tirage par contact, Judith Joy Ross immortalise de brèves rencontres avec toutes sortes d’individus, appartenant principalement à la classe ouvrière du nord-est de la Pennsylvanie, région où elle est née, a grandi et vit.

Judith Joy Ross enregistre avec une délicatesse infinie, sans une once de sentimentalité ou d’ironie, les visages et les attitudes des personnes placées devant son objectif, en restant attentive à la complexité de leur identité et sans jamais projeter sur elles une idée préconçue. Cela exige une égalité radicale et spontanée dans la relation entre la photographe et son modèle.

Les portraits de Judith Joy Ross sont le plus souvent réalisés dans le cadre de séries motivées par des préoccupations morales, civiques ou existentielles qui couvrent tout le champ de l’expérience humaine – l’innocence et la peine ; le courage et la peur ; l’amertume et la beauté ; la résilience et le désenchantement. Adolescents dans un parc municipal, élèves des écoles publiques, immigrés africains à Paris ou encore inconnus rencontrés lors d’un périple en voiture : Judith Joy Ross se voue essentiellement à ceux qui ne font l’objet d’aucune attention particulière, et ce, parce qu’elle se sent proche d’eux. L’engagement des États-Unis dans plusieurs conflits a donné lieu à certains de ses portraits les plus fascinants, ceux notamment des visiteurs du Mémorial de la guerre du Vietnam, des réservistes de l’armée américaine soudainement mobilisés ou des citoyens qui militent pour ou contre ces guerres.

Contrairement à Nadar, à August Sander et à la plupart des grands portraitistes avant elle, Ross n’a jamais eu de studio ou d’activité commerciale, et n’a accepté des commandes qu’à titre exceptionnel. Ses photographies lui permettent d’appréhender le monde à travers son propre prisme, bien au-delà de leurs thèmes qui opèrent comme des catalyseurs.

Par une tension particulière entre intimité et distance émotionnelle, Judith Joy Ross révèle la capacité de transformation des êtres humains face aux réalités du monde. Pour elle, l’appareil photo est non seulement un moyen pour entrer en relation avec l’autre, mais aussi un instrument de transcendance. « Sans appareil photo, je suis souvent inquiète et impitoyable dans mes jugements » déclare Judith Joy Ross. « Avec un appareil photo, j’arrive enfin à voir et à trouver un sens à tout cela. »


Joshua Chuang, commissaire

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Commentaire ♥♥♥♥


Le BAL propose une rétrospective des photographies prises entre 1978 et 2015 de l’artiste américaine, Judith Joy Ross, reconnue comme l’une des plus grandes portraitistes de son temps. Ses clichés dévoilent une Amérique en noir et blanc, au travers de portraits qui révèlent les visages de toute une population.

Les images sont prises à la chambre photographique, un appareil peu maniable qui nécessite un trépied et de placer sa tête sous un voile occultant pour réaliser la prise de vue. Les tirages sont réalisés avec la technique de révélation sur papier à noircissement direct. Ce papier photosensible révèle progressivement l’image exposée à la lumière naturelle avec une patine veloutée et sépia à la surface de ses images.

Certaines séries font appel à sa propre histoire. Eurana Park est un parc où de loisirs où elle se rendait enfant. En 1982, elle y retourne et photographie des enfants et des adolescents qui mangent des glaces, grimpent aux arbres ou se sèchent après la baignade. Dix ans plus tard, elle revient dans son ancienne école primaire à Hazleton et réalise des portraits des enfants et des professeurs.

D’autres séries sont plus motivées par des préoccupations morales ou sociales. En 1983, elle photographie les visiteurs venus se recueillir devant le Mémorial des anciens combattants du Vietnam à Washington. En 1998 et 1999, elle se rend dans les quartiers défavorisés du nord-est de Philadelphie et photographie les jeunes dans un skatepark, sur fond de violence et de dénuement. En 2001, Judith Joy Ross se rend à New York pour organiser une séance photo au Washington Square Park avec cinq adolescents venus d’Ouganda, dont le témoignage qu’ils devaient faire à l’ONU, a été annulé. En 2006, elle abandonna sa neutralité pour sa série « Eyes Wide Open » où elle effectue des portraits de spectateurs et de manifestants qui dénoncent le lourd tribut en vies humaines des guerres en Afghanistan et en Irak.

L’exposition consacrée à Judith Joy Ross interroge, par l’image, de la capacité de l’être humain à se tenir debout malgré les épreuves de la vie, les violences et les traumatismes. Sa pratique photographique est en quelque sorte un acte militant au service de la paix et de l’égalité sociale.


E.P.


 
 
 

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EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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