LES TRIBULATIONS D’ERWIN BLUMENFELD, 1930-1950
- Eric Poulhe
- 9 févr. 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 avr. 2023
MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE DU JUDAÏSME, PARIS
13 octobre 2022 – 5 mars 2023

Le musée d'art et d'histoire du Judaïsme présente « Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930-1950 ». Cette exposition met en lumière, à travers près de 180 photographies dont des ensembles inédits, sa période la plus féconde. Ses expérimentations artistiques révélèrent son talent pour la photographie de mode qui l'amena à travailler pour les plus grands magazines américains. L'exposition offre également des éclairages sur sa vision de l’art et sur sa vie personnelle pendant l'Occupation.
À travers près de 180 photographies — dont des ensembles jamais exposés — et de nombreux documents, l’exposition « Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930-1950 » met en lumière la période la plus féconde du photographe. Elle offre également des éclairages sur sa vision de l’art et sur sa vie personnelle pendant l’Occupation.
Entre son installation à Paris en 1936, et les débuts de sa carrière américaine, après 1941, Erwin Blumenfeld (Berlin, 1897 — Rome, 1969) voit son destin, tant artistique que personnel, bouleversé. Sa plongée dans l’effervescence artistique de la capitale et l’univers de la mode est brutalement interrompue par la défaite de 1940. Il connaît l’errance, l’internement comme « étranger indésirable » dans plusieurs camps français avant d’obtenir un visa pour les États-Unis. Embarqué sur le Mont Viso, il doit encore subir l’enfermement avec sa famille dans un camp français au Maroc. Blumenfeld traverse cette tourmente comme nombre d’artistes juifs, mais peut se réfugier in extremis aux ÉtatsUnis, où il renoue immédiatement avec l’industrie de la mode.
La période des années 1930 aux années 1950 est aussi celle de la révélation de son talent photographique, le moment d’une expérimentation artistique originale et foisonnante, poursuivie avec la même ferveur de Paris à New York. Après des débuts dadaïstes, marqués par des photomontages politiques prémonitoires sur le nazisme, Blumenfeld construit une œuvre éloignée des troubles du temps. Elle dépasse les techniques adoptées notamment par les tenants de la « Nouvelle vision », tant lors de la prise de vue qu’en laboratoire : solarisation, réticulation, surimpression, miroirs et jeux optiques, jeux d’ombres et de lumières forment pour lui une grammaire au service d’une image où la beauté et le nu féminin occupent une place centrale. Il mettra en particulier son génie au service de la photographie de mode, et sera précurseur dès les années 1940 dans le domaine de la couleur, propice à de nouvelles expérimentations.
L’exposition suit le cheminement de l’artiste dans des séries, dont sont issues ses photographies les plus célèbres et les plus expérimentales, et les liens qu’il a pu tisser dans ses images avec les maîtres de la peinture ancienne et de l’art moderne. À New York, les magazines Harper’s Bazaar et Vogue, en particulier, seront les supports influents de son talent, déployé dans une libre exploration de formes et de couleurs. Le parcours présente également deux reportages inédits, sur une famille gitane aux Saintes-Maries-de-la-Mer, et sur les danses cérémonielles des Amérindiens au Nouveau-Mexique.
Paul Salmona, commissaire
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Le musée d'art et d'histoire du Judaïsme présente « Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930-1950 », une exposition rendant hommage à un photographe très influent du vingtième siècle. À travers 180 photographies, l’exposition révèle la personnalité multifacette de l’artiste, des clichés réalisés dans son arrière-boutique à Paris puis à New York, aux couvertures des plus grands magazines de mode.
Le musée propose un parcours chronologique entre les années 1920 et 1960, qui situe la vie d’Erwin Blumenfeld et ses œuvres dans le contexte politique : la montée du Nazisme, la Guerre, l’Occupation en France, son arrivée à New York.
À ses débuts, Erwin Blumenfeld a une pratique classique de la photographie en réalisant des portraits dans l’arrière-boutique du magasin où il travaille. Il s’adonne ensuite au dadaïsme en réalisant, au milieu des années 1930, des photomontages et des surimpressions. Dans la France de l’Occupation, il est interné avec sa famille dans des camps en France et au Maroc. Il documente cette période difficile comme un album de famille. Il parvient alors à s’échapper aux États-Unis. À New York, il explore et développe son art avec beaucoup d’inspiration, une approche que l’on retrouvera dans ses clichés de mode. En 1940, il introduit la couleur et travaille pour de grands magazines tels que Vogue et Harper’s Bazaar.
Durant toute sa carrière Erwin Blumenfeld a toujours su concilier son travail de commande dans la mode, et des projets plus personnels où il explorait sans arrêt les limites de son art.
Une belle rétrospective.
E.P.





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