TOSHIO SHIBATA ▪ ARCHIPICTURAL
- Eric Poulhe
- 21 nov.
- 2 min de lecture
POLKA GALERIE, PARIS
14 novembre 2025 – 17 janvier 2026

Après « Night Photographs » et « Boundary Hunt », la galerie Polka poursuit l’exploration des mondes de Toshio Shibata. « Archipictural » plonge dans l’autre dimension de l’œuvre du maître japonais : la couleur.
« Selon une répartition convenue, la couleur, c’est le réel, et le noir et blanc, l’idée du réel. À l’un, le soin de présenter la chair du monde, à l’autre, celui d’en souligner le dessin » écrit à son sujet Thierry Grillet, l’ancien directeur de la diffusion culturelle de la BnF. Shibata, né en 1949, envisage la contradiction couleur/dessin (chère à l’histoire de l’art occidentale), non comme conflit, mais comme l’ouverture d’un espace où la création se négocie librement. C’est dans cet intervalle neutre que l’œuvre circule.
« Archipictural », titre de l’exposition, fait écho à cette conciliation des contraires. « Shibata est un photographe architecte, avec un compas dans l’œil. Il est en même temps, par sa formation première, un peintre traditionnel japonais, doté d’un sens délicat de la couleur, » explique Adélie de Ipanema, directrice de la galerie Polka. « Il travaille avec une chambre grand format dont les négatifs permettent des agrandissements époustouflants. Nous avons décidé de mettre en regard les contacts de ces négatifs et les grands formats. Face à l’un, on se rapproche, face à l’autre, on se recule. »
Les images elles-mêmes sont soigneusement conçues pour ne pas donner immédiatement de clé de lecture de l’échelle. Est-on devant une miniature ou devant quelque chose de monumental ? Pas de repères évidents. L’image de Shibata joue sur un imaginaire gullivérien, où le spectateur coulisse sans cesse du très grand au très petit. Jusqu’à perdre la mesure du monde : l’extraordinaire résolution des images permet à l’œil de patrouiller dans la photo et de découvrir des détails, inaperçus à première vue. L’œuvre ne se donne pas d’un coup : elle suppose une approche, lente, attentive, propice à la contemplation.
Le voyage de Shibata traverse des sites aux formes et aux formats variés. À rebours des autres séries, qui emmenaient en Europe ou aux Etats-Unis, « Archipictural » cible le Japon des barrages. Pour autant, le sentiment géographique propre aux photos de Shibata célèbre l’universalité d’espaces aux physionomies typiques de l’ère industrielle, où qu’ils soient sur le globe. Même gigantisme, même brutalité, même indifférence à l’environnement naturel dans lequel s’inscrivent ces ouvrages d’art, ces infrastructures géantes aux couleurs assourdies qui ressemblent à des abstractions sublimes posées par le XXe siècle dans le paysage.
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