WILLIAM DANIELS ▪ APATRIDE
- Eric Poulhe
- il y a 3 jours
- 2 min de lecture
GALERIE FAIT & CAUSE, PARIS
30 avril 2025 – 28 juin 2025

Que se passe-t-il quand l’identité d’une personne est réfutée au point de la priver de toute existence ? Elle devient apatride (stateless). Il y aurait 10 millions de personnes apatrides ou à risque d’apatridie à travers le monde. Le droit international définit ces citoyens de nulle part comme des personnes « qu’aucun État ne considère comme [ses] ressortissant[s] par application de sa législation ».
Savoir qui appartient à un État et qui n’en fait pas partie, qui a accès aux ressources et à une protection et qui en est privé, est un sujet brûlant dans notre époque imprégnée de crises identitaires et de populisme exacerbé. Pour Hannah Arendt, la citoyenneté est
« le droit d’avoir des droits ». Dans Les Origines du totalitarisme, la philosophe décrivait le processus de déshumanisation auquel sont confrontés les apatrides : la citoyenneté devient une arme pour priver de droits ceux qui peuvent menacer des intérêts politiques, ethniques, économiques.
Si leurs profils varient, les populations concernées partagent une tragédie commune. Sans existence légale, elles n’ont pas – ou peu – accès aux droits fondamentaux, comme l’éducation, la santé, le droit de vote, ni aux services bancaires ou à l’économie formelle. Des exclusions en cascade qui repoussent encore davantage ces individus fragilisés dans les marges et les rendent particulièrement vulnérables à diverses formes d’exploitation.
Les réfugiés qui ont fui leur pays d’origine, poussés à l’exil par les guerres ou les persécutions, et qui ont perdu leur nationalité ou toute preuve de celle-ci, ou ceux dont le pays n’est pas reconnu à part entière, constituent les cas de figure les plus connus. Ainsi, les réfugiés palestiniens au Liban ou les musulmans Rohingyas chassés du Myanmar sont les incarnations les plus emblématiques de l’apatridie moderne. Mais elle a aussi un autre visage. Assez paradoxalement, elle menace des individus qui sont nés et ont toujours vécu dans le pays qu’ils considèrent le leur mais qui rechigne à leur reconnaître une existence légale. Discriminés de longue date et prisonniers de limbes administratifs, ceux-ci sont décrits par les chercheurs et ONG comme « à risque d’apatridie » mais leur calvaire est le même que celui des apatrides.
William Daniels rencontre et photographie depuis plusieurs années des communautés apatrides – ou à risque d’apatridie – dans plusieurs pays.
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