GENESIS PAR SEBASTIÃO SALGADO
- Eric Poulhe
- 12 oct. 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mai 2023
FONDATION GOODPLANET, PARIS
9 septembre 2018 – 17 décembre 2018

La Fondation GoodPlanet accueille l’exposition Genesis du photographe Sebastião Salgado à compter du 9 juin jusqu’au 16 décembre 2018. 60 photos grand format présentées en extérieur comme la quête du monde des origines par son auteur.
« Avec Genesis, j’ai essayé de montrer la dignité, la beauté de la vie sous toutes ses facettes et le fait que nous avons tous la même origine » - Sebastião Salgado.
Genesis est la quête du monde des origines, celui qui a évolué pendant des millénaires avant d’être confronté au rythme de la vie actuelle, avant d’oublier ce qui fait de nous des êtres humains. Cette exposition nous présente des paysages, des animaux et des peuples qui ont su échapper au monde contemporain. Elle met à l’honneur ces régions vastes et lointaines où, intacte et silencieuse, la nature règne encore dans toute sa majesté.
On peut s’abreuver à la splendeur des régions polaires, des forêts tropicales, des savanes, des déserts torrides, des montagnes dominées par des glaciers et des îles solitaires. Si certains climats sont trop froids ou arides pour la plupart des formes de vie, on trouvera dans d’autres régions des animaux et des peuples qui ne pourraient survivre sans cet isolement. Ils forment ensemble une incroyable mosaïque où la nature peut s’exprimer dans toute sa grandeur.
Les photographies de Genesis aspirent à révéler cette beauté. L’exposition constitue un hommage à la fragilité d’une planète que nous avons tous le devoir de protéger.
Lélia Wanick Salgado, commissaire
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Le photographe Sebastião Salgado est connu pour ses images exceptionnelles prises à la fin de la première guerre du golfe, quand il a suivi en 1991 les combattants du feu américains venus éteindre les puits de pétrole en feu du Koweït. Les images montraient des hommes au milieu d’un chaos industriel.
Avec l’exposition Genesis, c’est tout le contraire qui est présenté dans le domaine de Longchamp à la fondation GoodPlanet chère à Yann Arthus-Bertrand. Dans ce projet, Sebastião Salgado revient aux origines du monde, et ce qui fait de nous des êtres humains. A travers un regard à triple facette, le photographe présente des paysages, des animaux et des peuples, qui ont réussi à échapper à l’évolution du monde moderne. Les soixante tirages en grand format sont présentés sur des panneaux en plein air, à proximité du sentier nature original démarrant derrière le château de Longchamp, une imposante bâtisse du XIXe siècle.
Les photos ont toutes été réalisées en noir et blanc, une marque de fabrique du photographe. Elles sont très belles et les légendes restituent parfaitement l’image dans son contexte géographique. La plupart des photos ont été réalisées dans des régions éloignées où la nature a encore été préservée : régions polaires, forêts tropicales, déserts, îles solitaires…
Les images sont variées. Dans certains cas, il y a une absence totale de présence humaine. L’image tire alors sa force de son graphisme comme cet iceberg dans la mer de Weddell en Antarctique, composé d’une arche et d’un cube aux angles parfaits, qu’on aurait cru qu’il a été sculpté par l’homme.
Dans d’autres cas, l’humain est présent discrètement. En Papouasie occidentale, on peut apercevoir un habitant Korowai escaladant un arbre pour rejoindre sa maison construite à sa cime. Aux îles Sandwitch du sud, il s’agit d’une colonie de manchots qui sont alignés en file indienne sur un iceberg avant de plonger dans la mer chacun à leur tour.
Et puis il y a les photos dont l’être vivant, humain ou animal, est le sujet principal. Les images animalières sont particulièrement saisissantes de par la proximité du photographe avec l’animal. Un jaguar en Amazonie dans le parc national Encontro das Aguas, un éléphant dans le parc national de Kafue en Zambie, ou ce couple d’albatros à sourcils noirs dans leur nid dans l’archipel des îles Willis en Géorgie du Sud.
Pour ce qui est de représenter les peuples « primaires », Sebastião Salgado a une approche plus ethnologique où il met en scène ses personnages pour des portraits dans un studio improvisé ou dans leur environnement et habitat quotidien. Par exemple, en 2009, il photographie dans leur village de Towari Ypy au Brésil, les femmes zo’é avec leurs corps totalement nu teinté avec un fruit rouge. Cette image ne serait peut-être plus possible de nos jours.
Par la beauté de ses photographies et leur composition, l’exposition Genesis met en évidence toute la fragilité de notre planète et interpelle chaque visiteur sur sa conscience environnementale.
E.P.
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