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JR ▪ MOMENTUM LA MÉCANIQUE DE L’ÉPREUVE

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 18 janv. 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 juin 2023

MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE, PARIS

7 novembre 2018 – 10 février 2019

Travaillant à la fois la photographie, le cinéma, le spectacle vivant et les arts visuels en général, JR mobilise des communautés, des quartiers et des villages entiers. Par des formats démesurément grands, il donne une voix aux anonymes.

L’exposition présente de nombreux projets et immerge le visiteur au sein même du processus créatif de JR, en revenant sur ses débuts lorsqu’il réalisait des graffitis, ainsi que sur ses premières photographies et ses premiers collages. Le parcours de l’exposition présente également des séries d’envergure : Portrait d’une génération (un projet d’affichage illégal de portraits réalisés avec un objectif 28 millimètres) ; Women are heroes (soulignant la dignité des femmes qui sont souvent les premières victimes lors de conflits ou de guerres) ; The Wrinkles of the City (dont les actions visent à révéler l’histoire et la mémoire d’un pays ou d’une ville en se focalisant sur les rides de ses habitants) ; Unframed (dans lequel JR s’approprie des images réalisées par d’autres photographes et qu’il recontextualise en leur donnant un sens nouveau)…

L’exposition « Momentum, la mécanique de l’épreuve » dévoile également une fresque interactive inédite. Celle-ci explore l’impossible contrôle des armes aux États-Unis. À travers des centaines de portraits et d’entretiens, et grâce à une plateforme en ligne spécialement conçue pour l’occasion, JR invite le visiteur à découvrir les témoignages et points de vue de nombreux personnages.

« Seulement 2% de l’œuvre de JR est connue du public, exposée en galerie ou en musée, explique Fabrice Bousteau. L’autre partie, tout aussi importante voire plus, constitue son processus de travail créatif et esthétique, en interaction avec les gens ou depuis son atelier. »

Jean-Luc Monterosso et Dominique Bertinotti

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Commentaire ♥♥♥♥

JR est un artiste contemporain français qui s’est fait connaitre grâce à la technique du collage photographique qu’il expose librement sur les murs du monde entier, attirant ainsi l’attention de ceux qui ne fréquentent pas habituellement les musées. En 2017, le grand public le découvre quand il s’associe avec la cinéaste Agnès Varda pour la réalisation du film documentaire « Visages, Villages ». Les deux compères aux personnalités très attachantes, sillonnent la France des campagnes à bord de leur camion photomaton et, au fil des rencontres, les lieux croisés se couvrent des images des gens rencontrés, projetés sur les murs mêmes de leur habitat.

Dans un hôtel particulier étriqué du Marais comme celui de la Maison Européenne de la Photographie, on a du mal à imaginer une exposition d’un artiste qui réalise des œuvres monumentales sur des façades d’immeubles aux quatre coins du monde ! Et bien pourtant c’est possible. JR qui a eu carte blanche, a opté pour une approche de rétrospective dynamique où il dévoile les séries de ses débuts, et les coulisses de son travail.

Dès le début de l’exposition, on peut voir une reproduction miniature mécanique de la série « Women are heroes » avec le regard d’Elizabeth Kamanga réparti sur différents conteneurs. Les photos présentées en grand format permettent ensuite d’apprécier le résultat du projet dans l’environnement où il a été déployé.

La série « Giants » est une série d’installations photographiques monumentales réalisées sur des échafaudages et inaugurées en 2016 à Rio de Janeiro à l’occasion des jeux olympiques. JR s’intéresse à des athlètes anonymes et la beauté de leur geste. L’image est imprimée sur une toile monumentale découpée en petits morceaux qui seront assemblés sur l’échafaudage. JR adapte le mouvement de l’athlète à l’architecture du lieu dans lequel l’image va être positionné. A Barra de Tijuca, le nageur Cleuson Lima di Rosario semble plonger dans l’eau au bout de la jetée. Dans le quartier de Flamengo à Rio de Janeiro, le sauteur en hauteur Mohamed Younes Idriss semble esquiver le sommet des immeubles du front de mer. Par ailleurs, le visiteur peut observer en détail des échantillons des tubulures en aluminium et de la toile qui ont servi de support à l’assemblage des images.

A Paris en 2000, JR a dix-sept ans. Il découvre à la gare de RER Charles-de-Gaulle-Etoile un appareil photographique numérique oublié. Attiré par le graffiti, il décide de s’en servir, se prendre en photo ainsi que les tagueurs qu’il rencontre le plus souvent de nuit dans le métro. Il réalise son premier reportage dont il affiche régulièrement les résultats dans les rues et sur les toits de la capitale. Il crée ainsi l’exposition sauvage à ciel ouvert « Expo 2 Rue ». Les photos présentées en noir et blanc ne sont pas nécessairement d’une très grande qualité technique, mais elles montrent bien les conditions dans lesquelles intervenaient ces jeunes artistes tagueurs.

La dernière salle est exclusivement consacrée à la fresque lumineuse de Clichy-Montfermeil. En 2004, JR démarre le projet de portrait d’une génération avec le réalisateur Ladj Ly. La mort en 2005 dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois de deux adolescents poursuivis par la Police et le départ d’émeutes dans le quartier renforce ce projet qui sera exposé en 2006 sur les murs extérieurs de la MEP. En 2017, JR et Ladj Ly poursuivent leur collaboration en photographiant 750 habitants Clichy-Montfermeil rejouant des scènes de leur vie. Les photos en noir et blanc sont mises en page dans une fresque présentée pour la première fois dans une boite lumineuse. C’est un portrait singulier des habitants de Clichy-Montfermeil « qui ont vu l’utopie de ce quartier se délabrer, la misère et les tensions sociales s’exacerber… Un portrait de ceux qui s’efforcent de remettre de la poésie dans le ciment » dit JR. Tout est dit.

Assurément, JR est un artiste « grandeur nature » qui met l’humain et le collaboratif au cœur de ses œuvres. Sa collaboration avec Agnès Varda ou d’autres artistes est là pour en témoigner.

E.P.

 
 
 

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EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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