TOMMASO PROTTI ▪ AMAZÔNIA
- Eric Poulhe
- 16 janv. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2023
MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE, PARIS
4 décembre 2019 – 16 février 2020

La MEP présente l’exposition « Amazônia » de Tommaso Protti, lauréat du 10e Prix Carmignac du Photojournalisme, consacré à l’Amazonie et aux enjeux liés à sa déforestation.
Présidé par Yolanda Kakabadse, ministre de l’environnement de l’Équateur de 1998 à l’an 2000 et présidente de l’association WWF de 2010 à 2017, le Prix a été attribué à Tommaso Protti.
Entre janvier et juillet 2019, le photojournaliste italien Tommaso Protti, accompagné du journaliste britannique Sam Cowie, a parcouru des milliers de kilomètres à travers l’Amazonie brésilienne pour réaliser ce reportage. Depuis la région de Maranhão à l’est, à celle de Rondônia à l’ouest, en passant par les États du Pará et de l’Amazonas, ils dressent le portrait de l’Amazonie brésilienne contemporaine, où les crises sociales et humanitaires se superposent à la destruction inexorable de la forêt vierge, poumon de la planète.
« Je souhaitais illustrer les transformations sociales en dénonçant le massacre et la destruction qui ont actuellement lieu dans la région. Ces différentes formes de violence sont les conséquences de changements au niveau du marché international et celles d’une augmentation exponentielle de la consommation à l’échelle mondiale, de la cocaïne à la viande de bœuf. Les scientifiques s’accordent à dire que la forêt est en passe d’atteindre un point de non-retour : la déforestation, alimentée par le commerce illégal du bois, l’accaparement des terres, l’expansion agricole, le développement de projets privés et étatiques et l’extraction de ressources en sont autant de causes. Je pense qu’il est important de sensibiliser le public sur ce sujet et de s’interroger sur ce qui est en train de se passer. »
Prolongeant l’exposition à la MEP, des photographies de Tommaso Protti sont présentées sur les grilles de l’Hôtel de Ville, du 2 décembre 2019 au 10 janvier 2020.
Exposition réalisée en partenariat avec la Fondation Carmignac
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La Maison européenne de la photographie présente l’exposition « Amazônia » de Tommaso Protti, lauréat du 10e Prix Carmignac du Photojournalisme. Le photojournaliste italien s’est rendu en Amazonie avec le journaliste britannique Sam Cowie, pendant plusieurs mois en 2019. Parcourant des milliers de kilomètres d’est en ouest, il révèle un territoire secoué par une violence environnementale et sociale.
Tommaso Protti a beaucoup été frappé par l’accélération de la déforestation, qui a augmenté de 278 % par rapport à 2018, selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE) brésilien. Une majeure partie de l’exposition est consacrée à ce sujet en présentant des images de la forêt dévastée, des exploitants forestiers illégaux et des garde-forestiers qui tentent de lutter contre ces actes illégaux dans un territoire très vaste, trop vaste.
Tommaso Protti a également rencontré les orpailleurs de Crepurizão dans le sud-ouest de l’état du Pará. Dans la plupart des villes minières, tout l’or facilement accessible a déjà été extrait. Les conditions de travail sont maintenant très difficiles et l’alcool fait des ravages chez les orpailleurs qui dépensent dans les bars le peu d’argent qu’ils ont gagné durement.
Les narco-trafiquants ne sont pas de reste non plus. La mort est présente en permanence. Manaus est devenue l’une des villes les plus dangereuses du Brésil. Les règlements de comptes, attribués par les autorités locales au trafic de drogues, sont monnaie courante. Les cadavres sont étendus dans la rue à la vue d’une population curieuse et blasée devant des policiers qui attendent la levée du corps.
Tommaso Protti a eu le privilège de rencontrer la tribu indigène des Kayapós dans leur territoire de l’état du Pará. Il a pu assister à la célébration de l’antique rituel du Kukrut dans le village Kuben-Kran Ken. C’est une véritable remontée dans le temps.
Toutes les photos sont en noir et blanc. Elles sont très fortes et le photographe a une très grande proximité avec tous les sujets qu’il photographie. Un reportage exceptionnel !
E.P.
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