ALAIN ADLER ▪ LA PHOTOGRAPHIE DE CINÉMA SUR UN PLATEAU
- Eric Poulhe
- 18 avr. 2023
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2023
GALERIE ROGER-VIOLLET, PARIS
31 mars 2023 – 21 mai 2023

De « La Traversée de Paris » à « À bout de souffle », le travail photographique d’Alain Adler (1923-1997) est un formidable témoignage du cinéma français en pleine mutation où la "Nouvelle Vague" émerge à la suite et en opposition au cinéma classique d’après-guerre. En noir et blanc et au format carré 6x6, sa touche propre est une prise de position qui transfigure la vision habituelle des films en 35 mm ou en CinémaScope. De sa production ne subsiste que la période 1954 à 1964 : 12 000 photos de tournage, instantanés d’icônes du 7ème Art.
Élaborée en collaboration avec son neveu Guillaume Adler qui lui rend hommage ci-dessous, l’exposition présente 86 tirages contemporains en édition limitée et numérotée.
« C’est en découvrant dans un magazine, suite à la disparition de Jean-Paul Belmondo, le nom du photographe Alain Adler au crédit d’une photo d’À bout de souffle, que son souvenir est revenu soudainement à ma mémoire. La figure de mon oncle Albert, l’ainé des frères de mon père, celui qui, entré à 19 ans dans la Résistance dès le début de la Seconde Guerre Mondiale, les avait sauvés grâce à ses réseaux FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée) et ceux de l’OSE (Œuvre de secours aux enfants). Alain était son nom de Résistant.
Lui si discret, secret, taiseux, ne racontait rien de sa vie, de ses vies, il tenait probablement de la Résistance cette façon de compartimenter. » - Guillaume Adler
Galerie Roger-Viollet
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Installée rue de Seine, à quelques encablures des quais, la célèbre galerie Roger-Viollet présentent, jusqu’au 24 juin 2023, plus de 80 tirages numérotés issus des 12 000 clichés que le photographe de plateau, Alain Adler, a réalisé entre 1954 et 1964.
Né en Hongrie en 1923, après avoir intégré la résistance en 1942, Alain Adler devient journaliste au lendemain de la Libération. Il se tourne rapidement vers le reportage photographique en entamant une collaboration avec les magazines l’Avant-garde, Ciné-Révélation et Regards, ce qui l’amène sur les plateaux de cinéma. Les stars emblématiques du moment, ou en devenir de la Nouvelle vague, défilent devant l’objectif du photographe. Il saisit ainsi le charme au naturel de Jean Seberg, la décontraction de Jean-Paul Belmondo, la beauté sauvage de Brigitte Bardot, le sourire complice d’Anna Karina, le regard froid d’Alain Delon, la sagesse de Michèle Morgan, sans oublier les deux monstres sacrés du septième art, Jean Gabin et Bourvil, clopes au bec sur le tournage de la traversée de Paris.
Plus qu’un photographe de plateau, Alain Adler est plutôt un photographe sur un plateau. Il travaille essentiellement pendant les temps morts des tournages. Le décor est là, mais les acteurs, durant ces temps de pause, redeviennent eux-mêmes et dévoilent leurs véritables traits de caractère.
En ce sens, le travail d’Alain Adler est un formidable témoignage d’un cinéma en pleine mutation.
E.P.
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