ANDRÉ STEINER ▪ LE CORPS ENTRE DÉSIR ET DÉPASSEMENT
- Eric Poulhe
- 3 juil. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 mai
MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE DU JUDAÏSME, PARIS
16 mai 2024 – 22 septembre 2024

Dans le cadre de l'Olympiade culturelle, le mahJ consacre une exposition au photographe d'origine hongroise André Steiner, pionnier de la Nouvelle Vision, qui exprima son talent en fixant des corps athlétiques et en mouvement dans le Paris des années 1930.
Arrivé à la photographie par passion pour sa jeune fiancée et pour le sport dont il était adepte, André Steiner a exprimé son talent en fixant des corps nus et en mouvement dans le Paris de l’entre-deux-guerres.
Né en Hongrie en 1901, il est l’un des tous premiers utilisateurs d’un Leica en 1924, qui lui a été confié dans le cadre de sa formation scientifique à la prestigieuse Technische Universität de Vienne. Il réalise alors une série de nus de Léa Sasson, dite Lily, sa future épouse. En 1928, il quitte Vienne pour Paris en raison de la montée de l’antisémitisme en Autriche.
Délaissant son travail d’ingénieur du son, André Steiner choisit de se consacrer entièrement à la photographie, explorant largement ses possibilités. Il ouvre un studio et multiplie les collaborations avec la presse. Son expérimentation moderne du médium fait de lui l’un des tenants de l’esthétique de la « Nouvelle Vision » germanique, qu’il contribue à diffuser en France.
Champion de décathlon aux Jeux mondiaux universitaires (Universiades) de 1928, entraîneur de natation à Vienne au club sportif juif de l’Hakoah (« La force » en hébreu), André Steiner se consacre à Paris à la photographie sportive, encore peu explorée. Il devient un spécialiste du corps en mouvement et du nu. Adepte de l’idéal communiste – il prend part en 1919 à l’éphémère République des conseils de Hongrie – il considère le corps photographié comme un manifeste autant individuel que social. Dans les années 1930, cette conception morale du corps est partagée par VU, pour lequel André Steiner réalise des clichés sur le sport et la danse, contribuant à forger le style singulier du magazine.
En 1939, le photographe s’engage dans l’armée de l’air française. Démobilisé en 1940, menacé en tant que juif et étranger, il quitte Paris pour le Midi, puis intègre la Résistance. Après la guerre, André Steiner obtient la nationalité française. De retour dans la capitale, il se spécialise dans la photographie appliquée à la technique et à la science. Il décède à Paris en 1978.
Présentée dans le cadre de l’Olympiade Culturelle, cette exposition est rendue possible par des prêts exceptionnels du musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône et du Musée national d’art moderne – centre Pompidou.
François Cheval avec Nicolas Feuillie (mahJ), commissaires
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) présente « Le corps entre désir et dépassement », une exposition qui réunit une soixantaine de clichés du photographe français d’origine hongroise, André Steiner.
À Vienne, en 1924, il adopte le Leica pour réaliser des portraits de Lily, alias Léa Sasson, sa future épouse. Ancien sportif de haut niveau, décathlonien et entraîneur de natation, il se spécialise dans le domaine de la photographie sportive et en devient un pionnier. Pour échapper à la montée de l’antisémitisme en Autriche, il quitte Vienne pour s’installer à Paris en 1928. Délaissant son travail d’ingénieur du son, André Steiner choisit de se consacrer entièrement à la photographie, explorant largement ses possibilités. Il ouvre un studio et multiplie les collaborations avec la presse, en publiant notamment des photos de nus dans les magazines « Playboy » et « Lui » d’avant-guerre.
André Steiner est un membre incontesté du mouvement photographique de la « Nouvelle Vision » qui prône l’esthétisme, la recherche de nouveaux angles de vue, es cadrages inédits, des jeux de lumière qui mettent en relief le corps. Steiner n’hésite pas à expérimenter et à faire autrement avec le cadre, le point de vue, et la composition de ses images. Le corps masculin ou féminin peut être capté sous toutes les coutures. Les sauts dans tous les sens, en plans rapprochés, font perdre tout repère.
Pour Steiner, la qualité primordiale d’un modèle est de « se prêter comme un pantin désarticulé, de façon à remplir un volume parfois amputé par les ombres, parfois rehaussé par un excès de lumière. » La danse est l’un des thèmes favoris de Steiner. Lisa Fonssagrives fait l’objet d’instantanés dans la nature.
Ce mélange entre photographie expérimentale et photographie sportive donne des images d’un très grand esthétisme. Sa vision du corps est comme un manifeste, un idéal, qui font penser par ailleurs à certaines images de propagande du régime fasciste.
Présentée dans le cadre de l’Olympiade Culturelle, cette exposition a été réalisée grâce aux prêts du musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône et du Centre Pompidou. Elle est visible jusqu’au 22 septembre 2024.
E.P.
Dossier de presse





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