JOHN COPLANS ▪ LA VIE DES FORMES
- Eric Poulhe
- 22 oct. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin 2023
FONDATION HENRI CARTIER-BRESSON, PARIS
5 octobre 2021 – 16 janvier 2021

La Fondation HCB présente une exposition exceptionnelle de l’œuvre de John Coplans (1920‑2003), en collaboration avec Le Point du Jour, centre d’art éditeur à Cherbourg-en-Cotentin. Les œuvres exposées, issues de collections françaises, témoignent de l’audace de l’artiste britannique, célèbre pour la représentation, sans concession, de son propre corps.
Émigrant aux États-Unis au début des années 1960, John Coplans a d’abord été peintre, critique d’art, directeur de musées et commissaire d’expositions, avant de se consacrer pleinement à la photographie au début des années 1980. C’est à l’âge de soixante ans, après s’être employé pendant vingt ans à promouvoir l’œuvre d’autres artistes, qu’il se retire pour renouer avec l’expérience de la création. Il développe alors une pratique photographique où il représente son corps nu, en noir et blanc, souvent fragmenté, la tête toujours hors-champ. Il désigne toutes ces images réalisées entre 1984 et 2002 par l’intitulé générique Self Portrait ; titres et sous-titres descriptifs spécifient la partie du corps représentée ou la posture.
Objet premier, singulier et impersonnel, le corps est le support d’une exploration jubilatoire, sans cesse renouvelée, de la vie des formes. Souvent réduite à la représentation du corps vieilli, l’œuvre de Coplans répond à une visée plus ludique et universelle, inscrite dans une histoire longue des formes artistiques par le jeu de relations métaphoriques à la nature ou à la sculpture. Elle redéfinit le sens même de l’âge – non comme une progression vers la fin de vie, mais plutôt comme l’occasion d’une inscription dans la longue durée de l’espèce humaine et d’une entreprise de remémoration des formes primitives.
L’absence du visage et le choix du fragment comme élément plastique ont libéré un flux d’inventions et d’analogies formelles qui semblait inépuisable et n’a cessé qu’avec la disparition de l’artiste. Les images de Coplans sont tour à tour contenues et explosives, drôles, provocantes, toujours soigneusement méditées. Elles répondent à une exigence de clarté qui transfigure le pathos expressionniste.
L’exposition La vie des formes s’articule autour de trois ensembles. Aux petits tirages réalisés au début de la carrière photographique de Coplans (Torses, Dos, Mains, Pieds…) succèdent, en 1988, les grands formats et les montages combinant plusieurs fragments de corps pour constituer une image unique mais disjointe. Fin connaisseur de l’histoire des arts, Coplans a intégré à sa propre expérience les recherches d’artistes qu’il a étudiés, exposés ou côtoyés, tels que Carleton Watkins, Constantin Brancusi, Walker Evans, Lee Friedlander, Jan Groover, Philip Guston ou Weegee ; une sélection d’œuvres est présentée dans l’exposition.
Jean-François Chevrier et Élia Pijollet, commissaires
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
La Fondation HCB présente « La vie des formes », l’exposition de l’œuvre de John Coplans, célèbre pour la représentation, sans concession, de son propre corps.
D’abord peintre, critique d’art, directeur de musées et commissaire d’expositions, il se consacre pleinement à la photographie au début des années 1980, à l’âge de soixante ans.
Il représente son corps nu, en noir et blanc, souvent fragmenté, la tête toujours hors-champ. Il appelait « Self Portraits [Autoportraits] », la série d’images qu’il réalisa de 1984 jusqu’à sa mort en 2003.
Ses compositions oscillent entre réalisme et fantastique, son corps devenant le support à une recherche imaginative abstraite. Quand, à la fin des années 1980, il agrandit ses formats, il utilise les techniques du montage. Çà lui permet de combiner plusieurs parties du corps, souvent en tryptiques, pour constituer alors une image unique disjointe.
Finalement, sa démarche s’apparente plus à celle d’un sculpteur qui se joue de la matière en la malaxant. Il s’affranchit totalement des critères habituels de la beauté en utilisant son corps de 60 ans, avec ses formes boudinées et ses poils apparents qu’on pourrait penser disgracieux. Il pense même que l’âge de son corps est un atout, le libérant de toute réserve : « La vieillesse est une des meilleures choses qui me sont arrivées. Pour la première fois, je suis libre. »
E.P.
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