YASUHIRO ISHIMOTO ▪ DES LIGNES ET DES CORPS
- Eric Poulhe
- 19 juin 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 mai
LE BAL, PARIS
19 juin 2024 – 17 novembre 2024

Du 19 juin au 17 novembre 2024, LE BAL présente une figure remarquable de l’histoire de la photographie japonaise méconnue en France : Yasuhiro Ishimoto (1921-2012). Pour la première fois en Europe, l’exposition, organisée en étroite collaboration avec le Ishimoto Yasuhiro Photo Center au Museum of Art, Kochi au Japon, rassemblera 169 tirages d’époque. Le parcours de l’exposition se concentrera sur les premières décennies de l’œuvre d’Ishimoto, entre Chicago et le Japon. Figure clé des années 50 et 60, Ishimoto sera considéré comme « visuellement bilingue » par sa capacité à allier l’approche formelle du Nouveau Bauhaus à la quintessence de l’esthétique japonaise, sans jamais renoncer à un regard critique sur les questions sociales de son époque.
Cette alchimie singulière est le fruit d’un parcours unique : né de parents japonais en 1921 à San Francisco, puis élevé jusqu’à l’âge de 17 ans au Japon, Ishimoto retourne aux États-Unis en 1939. Interné dans les camps regroupant les Américains d’origine japonaise après l’attaque de Pearl Harbor, il est libéré et intègre l’Institute of Design de Chicago en 1948. Cinq ans plus tard, il retourne au Japon et devient une figure majeure de la scène photographique japonaise, incarnant « un modernisme intellectuel et austère qui nous a largement inspirés... Ses chemins de pierre évoquaient des sculptures de Brancusi… Ishimoto jetait sur le monde un regard radicalement nouveau » (Ikko Tanaka). Au cours de la même période, il ouvre la voie à de nouvelles façons de concevoir le livre de photographie avec la parution d’un des ouvrages les plus importants de l’histoire de la photographie japonaise : Someday, Somewhere (1958).
Diane Dufour, Mei Asakura, commissaires
Sélection
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Pour la première fois en Europe, Le BAL célèbre, du 19 juin au 17 novembre 2024, le photographe japonais Yasuhiro Ishimoto. Cette exposition rétrospective majeure regroupant 169 tirages d’époque, a été organisée en collaboration avec le Ishimoto Yasuhiro Photo Center au Museum of Art de Kochi au Japon.
Né à San Francisco en 1921 de parents japonais, Ishimoto a été élevé au Japon avant de retourner aux États-Unis où il fut interné pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de ses origines. Libéré, il intègre l’Institute of Design de Chicago, un centre influencé par les idéaux du Bauhaus incarnés par Callahan et Siskind. C’est là qu’Ishimoto forge son œil photographique, mêlant rigueur formelle et sensibilité esthétique.
Le parcours de l’exposition se concentre sur les premières décennies de l’œuvre d’Ishimoto, entre Chicago et le Japon. Figure clé des années 50 et 60, il est considéré comme « visuellement bilingue » par le photographe américain Minor White : « Yasuhiro Ishimoto est visuellement bilingue : japonais par sa culture, oriental dans sa manière de voir et occidental par sa formation au Chicago Institute of Design, centre de la tradition Bauhaus, il parle anglais avec un accent allemand. »
Ishimoto a une grande capacité d’abstraction avec une réel décontextualisé, non descriptif d’un sujet ou d’un événement. Quand il revient au Japon en 1953 dans un pays encore marqué par la guerre, il se démarque des autres photographes qui officient plutôt dans le reportage. Lui, s’intéresse à la géométrie des formes comme les clichés qu’il réalise à Kyoto de la villa impériale Katsura qui nous rappelle les tableaux de Mondrian.
Quand en 1958, après cinq années passées au Japon, il revient à Chicago, son « hometown », il porte un regard inquiet sur la société américaine. Il photographie des destructions d’immeubles, des affiches en pleine campagne présidentielle, des piétons dans le quartier du Loop dans une ambiance dramatiquement contrastée avec des piétons passant de l’ombre à la lumière, un peu dans le style des images de Metzker
Au-delà de présenter une rétrospective, l’exposition invite également le visiteur à s’interroger entre l’impact de ses origines identitaires et culturelles, doubles en ce qui concerne Ishimoto, et la création artistique qui en découle. L’œuvre photographique d’Ishimoto a indéniablement bâti un pont entre deux cultures.
E.P.
Dossier de presse





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