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ALIA ALI, MOT(IF)

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 8 sept. 2021
  • 4 min de lecture

193 GALLERY, PARIS

1er septembre 2021 – 24 octobre 2021

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Le tissu, icône intemporelle de l’identification, se révèle par son(ses) histoire(s) être porteur d’illusions, et prend une place majeure au cœur de la pratique d’Alia Ali, artiste multimédia yéménite-bosniaque-US. Le Wax d’une part, brouille les traces de son histoire coloniale et capitaliste en y jetant un filtre coloré, aux motifs riches et parfois trompeusement identifiables. Sous les mains de l’artiste, il devient polymorphe, remettant en question la façon dont les choses sont nommées, traduites, réinterprétées, mais aussi la raison initiale de leurs productions. Leur origine se veut en effet bien différente de leurs dénominations contemporaines, qui elles-mêmes trompent parfois sur leur véritable lieu de production. D’autre part, à travers ses sculptures photographiques et ses installations utilisant des textiles complexes comme l’Ikat, Alia Ali met en lumière la richesse lexicale perceptible dans la création de ces motifs. Elle y conceptualise cette collaboration hyper-optique entre le fil, la teinture et les sens, tout en constatant l’appropriation culturelle sans récompense dont ils font l’objet.

Les réorientations font également l’objet d’une étude, interpellant le spectateur à se pencher sur les usages linguistiques. En effet, les récupérations contemporaines et les attendus culturels, encore trop souvent erronés, se voient désamorcés sous le prisme à multiples entrées du mot Hub/Love. La photographie, le textile et l’écriture s’unissent pour orienter le spectateur vers des notions complexes d’inclusions, d’exclusion, d’effacement et de politisation du corps et du langage. L’artiste questionne ainsi le regard du spectateur et les projections inconscientes qui l’accompagnent, tout en brisant les frontières du langage devenu motif et source de réfraction des consciences les plus résolues.

L’artiste s’efforce donc de déconstruire les remparts économiques, politiques, sociétaux voire coloniaux, dressés par des groupuscules fantasmant la majorité. Ainsi, à travers un jeu optique hypnotisant, Alia explore également l’importance méconnue de la couleur indigo en tant que facteur d’union physique, cosmique et historique transcendant les conflits, les frontières mais aussi les cultures et religions.

Au fil de Mot(if), Alia Ali tient à mettre en exergue le thème de l’inclusion et de l’exclusion à travers des silhouettes recouvertes de tissus provenant de 11 régions du monde, et interroge le visiteur sur sa propre position ‘Est-il l’inclus ou l’exclus ?’.

Toujours dans une logique de vision à angles multiples, la deuxième entrée de la 193 Gallery dédie une installation à la rupture du présent dystopique des êtres en migration. L’artiste déclare les différentes strates qui composent leur vie ; propose une réinvention temporelle de leur réalité ; et enfin les invite à réorienter leur avenir vers un axe imaginaire radicale laissant derrière eux.elles un futur aussi fantasmé qu’erroné et n'entraînant que la perte de leur histoire.

Enfin, la descente vers un futurisme radical emmène le visiteur vers la remise en question de ce qui se veut entité protectrice, mais qui par une suite de preuves se révèle être source de destruction au motif que le conflit est plus rentable que la paix.


Mary-Lou Ngwe-Secke, commissaire

Sélection

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Commentaire ♥♥♥♥


Créée en 2018 pour s’offrir un tour du monde de l’art contemporain, la 193 Gallery présente Mot(if), une exposition de différentes séries de l’artiste trentenaire Alia Ali, d’origines yéménite, bosnienne et américaine, aux influences multiculturelles très reconnues aux États-Unis, l’une de ses bases.

Le wax, « cire » en anglais, est un type de tissu africain en coton qui a reçu sur les deux faces un cirage lui conférant des propriétés hydrophobes. Les cires utilisées sont colorées et forment des motifs qui varient à l'infini dans une recherche esthétique. Il est très en vogue en Afrique subsaharienne et sert à confectionner de nombreux habits, dont les pagnes wax.

Sous les mains et les yeux d’Alia Ali, le wax devient une matière artistique qu’elle modèle et compose pour obtenir une sculpture photographique. Ses portraits sont totalement déshumanisés puisque l’entièreté du visage et de la tête est emballée dans le tissu.

Dans la série Indigo, elle se joue des effets d’optique hypnotisant, un peu sur le modèle de l’artiste Victor Vasarely.

Dans la série Borderland, les personnages ont été photographiés dans 11 régions différentes du monde, dans huit pays, dont le Mexique, l'Indonésie, le Vietnam et l'Inde. Les vêtements, confectionnés par des artisans locaux, sont magnifiés.

La mise en scène de la série Love présente le mot arabe pour amour, répété sur les vêtements des personnages et sur le mur peint à la main. Le langage devient un motif, et le textiles un langage, soulignant la façon dont les motifs fonctionnent à la fois visuellement et linguistiquement.

Dans son travail, Alia Ali explore les thèmes de la diaspora, du colonialisme, de la violence, de l'histoire, de la migration et de l'identité et du futurisme afro et yéménite. Au moment où le Yémen subit des crises permanentes, l’artiste présente la série Under Thread qui vient en opposition avec toutes ses autres séries très colorées. Avec un visage déformé par un fil, elle questionne les implications politiques de la présence occidentale dans ce pays. Il est clair que cette série dérange.


E.P.


 
 
 

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EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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