CONGO IN CONVERSATION
- Eric Poulhe
- 17 janv. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 mai 2021
SQUARE DE LA TOUR SAINT-JACQUES, PARIS
6 janvier 2021 – 27 janvier 2021

La crise sanitaire mondiale et l’urgente nécessité d’entendre des voix africaines témoigner des réalités locales ont incité le lauréat de la 11e édition, Finbarr O’Reilly, et l’équipe du Prix Carmignac du photojournalisme à créer « Congo in Conversation »: un reportage collaboratif en ligne, réalisé en coopération étroite avec des journalistes et photographes congolais basés dans diverses villes de la République démocratique du Congo. C’est la vie dramatique, mais aussi riche et passionnante, d’un grand pays africain durant la pandémie qui surgit ainsi chaque jour à travers des photos, des vidéos et des articles publiés sur un site dédié et partagés sur les réseaux sociaux.
Santé, confinement, économie informelle, production artistique, entreprises, difficultés d’accès à l’eau, mais aussi attaques des milices armées, environnement et atteintes aux droits humains : en détaillant les réalités souvent cruelles et les gigantesques défis qu’affronte le Congo, ces reportages dessinent son présent et son avenir avec des faits concrets, des images fortes et un optimisme prudent. Les reporters contributeurs, basés en plusieurs lieux de l’immense territoire, sont les représentants d’une nouvelle génération qui aspire au changement dans un pays exploité, pillé et opprimé depuis si longtemps.
Ce reportage collaboratif nous donne une image aussi diverse que nuancée de la vie en RDC, exposée à sa manière mais comme nous tous à une crise sans précédent.
Finbarr O’Reilly
Lauréat du Prix Carmignac du photojournalisme
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Le 11e Prix Carmignac du photojournalisme, consacré à la République démocratique du Congo (RDC), a été attribué au photographe canadien et britannique Finbarr O’Reilly.
Son reportage a débuté en janvier 2020, avant l’irruption de la pandémie de coronavirus et le confinement de la planète. En raison de l’aggravation de la situation sanitaire et de la fermeture des frontières, Finbarr O’Reilly et l’équipe du Prix ont fait évoluer ce travail vers un reportage collaboratif, réalisé avec la contribution de journalistes et photographes locaux, qui documentent les défis humains, sociaux et écologiques que le Congo au temps de la Covid-19 : 35 reportages, 15 photographes, 6 mois.
Pour les rendre accessibles et visibles par le plus grand nombre, plus d’une vingtaine de tirages en grand format ont été accrochés sur les grilles du square de la tour Saint-Jacques dans le 4e arrondissement de Paris.
Finbarr O’Reilly a divisé le travail des jeunes photographes en sept thèmes précis : la vie, la santé, l’accès à l’eau potable, l’électricité, l’environnement, la sécurité et la décolonisation.
En quelques photos, on se retrouve totalement immergé dans l’ambiance et les contradictions de ce pays. L’héritage colonial et la ferme volonté d’en tourner le dos s’en rien oublier. L’obstination des jeunes adolescents à étudier sous le faisceau de la lampe-torche de leur téléphone quand les coupures d’électricité plongent presque chaque soir les villes et campagnes dans une nuit noire. L’accès à l’eau très difficile où l’on fait la queue pendant plusieurs heures pour remplir des jerricans. Un état de guerre quasi-permanent avec l’intrusion régulière de milices armées qui répandent la terreur et la mort dans les villages sous les yeux d’une armée régulière dépassée. L’exubérance et l’attrait des Congolais pour la mode avec des « Sappeurs » aux habits chatoyants qui paradent dans les rues, pendant que les femmes affichent fièrement leur coiffure, un rituel social qui renvoie aux valeurs de communauté et de beauté.
Après deux décennies le virus Ebola, le pays doit maintenant affronter la Covid-19 avec peu de moyens. Les mesures sanitaires sont strictes, autoritaires mais la jeunesse congolaise n’entend pas s’arrêter de vivre. Comparé à de nombreux pays d’Europe et d’Amérique, le Congo s’en tire plutôt bien.
E.P.
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