FESTIVAL DU REGARD ▪ VOYAGES EXTRA-ORDINAIRES
- Eric Poulhe
- 15 oct. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 juin 2023
CERGY-PONTOISE
9 octobre 2020 – 29 novembre 2020
La photographie, dès ses origines, s’est développée autour de deux axes : la photo de famille et la photo de voyage. Que ce soient des souvenirs touristiques capturés par des amateurs ou des reportages à l’autre bout du monde, la photographie a par essence un statut associé à l’idée du déplacement, du dépaysement, de l’ailleurs… Et chaque fois, le voyage bouscule nos idées reçues et chamboule notre quotidien, loin de chez soi on oublie l’ordinaire et l’on se confronte à l’extraordinaire.
C’est ce que nous avons voulu mettre en évidence ici, l’ordinaire des uns peut devenir l’extraordinaire des autres, celui des voyageurs ou des spectateurs d’une exposition photo (le Festival du Regard aménage une ancienne poste gigantesque à Cergy-Pontoise… un voyage en soi !).
Car tel est le pouvoir de l’image fixe, arrêter le temps et l’espace pour en proposer une interprétation à la fois documentaire et poétique, à la fois réaliste et fictionnelle.
Sylvie Hugues et Mathilde Terraube, directrices artistiques du Festival du Regard
Sélection
Commentaire ♥♥♥♥♥
Pour sa 5e édition, le festival du regard s’expose à Cergy-Pontoise sur la thématique des voyages extra-ordinaires. Cinq expositions sont proposées en extérieur dans le parc François Mitterrand et 17 autres sur une surface intérieure de 15000 mètres carrés dans l’ancien bâtiment de la Poste Grand Centre qui a déménagé dans le centre commercial des Trois Fontaines.
Les thèmes du voyage proposés sont très divers et très éloignés des clichés des photos de vacances que l’on pourrait craindre. Chaque photographe pose un regard personnel, poétique comme celui de Flore sur le Maroc, avec des clichés se rapprochant de peintures de l’époque romantique, ou documentaire comme le voyage de Richard Pak à la rencontre des 260 habitants de l’île de Tristan da Cunha, une terre perdue au milieu de l’Atlantique sud accessible après huit jours de navigation.
Parmi les plus expositions les plus marquantes, Richard Mosse présente un reportage de guerre au Congo avec des images originales réalisées avec une pellicule Kodak Aerochrome dont la production a été arrêtée en 2009. Ce film infrarouge destiné aux relevés satellites, transforme le paysage verdoyant en rose fuchsia et les uniformes des soldats bleu lavande. Ce choix délibéré de couleur renforce le côté sanglant d’une guerre et de ses atrocités notamment envers les populations civiles.
Plus classique, la série Pathos de Giorgio Negro représente 15 années de travail dans 5 pays d'Amérique Latine (Mexique, Cuba, Brésil, Pérou et Équateur). Les photographies en noir et blanc avec des cadrages instantanés puissants montrent l’intimité et la spontanéité des habitants dans leur environnement.
Dans le genre road-movie, Rémi Noël propose un voyage aux États-Unis par la route racontant des histoires faisant référence à la littérature et la culture des super-héros en revisitant les clichés du mythe américain. Davide Monteleone, lui, réalise le trajet en train en Corée du Nord entre Pyongyang et Rason. Bien que très encadré par les autorités, il arrive à photographier les paysages et la vie quotidienne des habitants, sans pour autant nouer de relations avec eux. Ça demeure toutefois un reportage intéressant dans un pays très fermé au visiteur occidental.
Comme un retour en enfance, la photographe russe Evgenia Arbugaeva est retournée à Tiksi, son village natal de Sibérie, pour suivre la petite Tanya. Ce voyage photographie en pleine nuit polaire est un véritable conte qui fait oublier la dureté du climat de ce pays.
On connait tous l’histoire singulière de la « nanny » photographe Vivian Maier et ses photographies de rues à Chicago ou New York mondialement connues. On sait moins qu’elle a vécu de 6 à 12 ans, avec sa mère française, en France dans le Champsaur. De retour dans la région en 1958, elle photographie des paysages de montagne mais réalise aussi de nombreux portraits des habitants. Une cinquantaine de tirages sont désormais la propriété de la commune de Saint-Julien-en-Champsaur qui a inauguré en 2019 la Maison de la photographie Vivian Maier.
E.P.
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