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IGOR MUKHIN ▪ GÉNÉRATIONS, DE L’URSS À LA NOUVELLE RUSSIE / 1985-2021

  • Photo du rédacteur: Eric Poulhe
    Eric Poulhe
  • 12 nov. 2021
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 juin 2023

MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE ROBERT DOISNEAU, GENTILLY

22 octobre 2021 – 9 janvier 2022

Au départ est le chaos. Le chaos d’une jeunesse en marge d’un système qui n’en finit plus de se désintégrer. Au début des années 1980, Igor Mukhin respire lui aussi ce vent d’Ouest, cet appel d’air, le trip rugissant qui va inspirer toute une génération de musiciens, toute une flopée d’auteurs en tout genre. Igor Mukhin voit le rock moderne, dans sa forme punk et anarchique, déferler sur Moscou et, bientôt, faire perdre peu à peu leur assise aux vieilles autorités. Il est de cette génération qui, 10 ans plus tard, assiste à la chute du système soviétique et qui, depuis, se retrouve au cœur des soubresauts et mutations de toute une société.

La chronique politique ou historique, même si elle ne s’affirme pas délibérément, n’est jamais loin chez Igor Mukhin. Compulsif, sans doute obstiné, prolifique dans tous les cas (c’est une de ses caractéristiques), il observe et raconte les manifestations, la cohue, les cérémonies officielles, les célébrations tolérées ou les rassemblements sauvages, ces moments humains où se manifestent la pulsation des foules et l’esprit d’une époque.

Le fond de son œuvre expose une Russie qui n’est pas celle que les conservateurs passés ou présents veulent nécessairement voir et, en aucun cas, montrer. Cette œuvre née de la contre-culture, dévisage avec la plus grande franchise une Russie sans fards ni trucages. De Gorbatchev à Poutine en passant par la transition Eltsine, Igor Mukhin traverse les générations tout en gardant la distance de la marge.


Michaël Houlette

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Commentaire ♥♥♥♥


La Maison Doisneau à Gentilly présente une belle rétrospective du photographe russe Igor Mukhin, né à Moscou en 1961. Il commence sa carrière de photographe dans l’underground culturel soviétique. Après la chute de l’URSS, il devient photographe indépendant et réalise pour la presse de nombreux portraits d’artistes et de personnalités russes. Parallèlement à ses travaux de commandes, il a documenté les évolutions de la société dans la ville de Moscou du début des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. L’exposition retrace tout ce parcours en quatre décennies : 1980, 1990, 2000 et 2010.

Au milieu des années 1980, il était difficile pour un Occidental d’imaginer la vie de l’autre côté du rideau de fer. Les groupes de rock locaux voient le jour et se produisent dans des appartements, lors de concerts clandestins payants, qui leur permettent de vivre. Igor Mukhin s’immerge et témoigne par l’image d’une jeunesse qui relègue l’idéologie marxiste-léniniste à l’état de décor en s’opposant aux babouchkas coiffées de fichus et aux vieux avec des pulls élimés ou des vestons bardés de médailles.

Les années 1990 sont celle du Maire de Moscou, Boris Eltsine, le plus grand bouleversement que le pays ait connu depuis la révolution d’Octobre. Le 8 décembre 1991, nait la Fédération de Russie. L’Union des républiques socialistes soviétiques explose en quinze États indépendants qui siègent à l’ONU. C’est le pillage des ressources nationales et l’avènement des nouveaux oligarques et milliardaires russes proches du pouvoir. La criminalité monte en flèche et la paupérisation s’installe dans un pays avec la disparition des acquis du communisme comme la santé et l’éducation gratuite. La jeunesse s’habille en blue-jeans, afflue aux concerts de la place Gorki et mange au McDo de la place Pouchkine.

En 2000, la crise financière de 1998 est derrière. La bataille pour le contrôle des richesses est terminée. L’ère Eltsine se termine avec l’annonce du président alcoolique de se retirer au profit du premier ministre Vladimir Poutine, que tout le monde pense être une marionnette. En 2000, on a des projets et on a confiance dans le futur. Personne n’imagine que les vingt prochaines années seront marquées par cet homme.

En 2021, la nouvelle génération de Russes investit les villes et la capitale cosmopolite Moscou. La jeunesse est branchée, « geek », polyglotte. Elle utilise Internet et voyage à l’international. Elle fréquente des lieux de vie et de fête qui n’ont rien à envier aux cafés de Berlin ou de New York. Ces jeunes, nés au début des années 1990, ne connaissent de la période communiste que des souvenirs racontés par les vieilles babouchkas. L’URSS est reléguée à un passé totalement révolu. La future décennie qui les attend, avec un après-Poutine qui n’en finit pas de se décaler, est pour le moins incertaine. Les Russes ont l’habitude…


E.P.


 
 
 

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EXPO PHOTO

© 2017 Eric Poulhe Photographie

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